Depuis que le journal anglais The Telegraph a mis en lumière ce phénomène, le quiet quitting fait régulièrement l’objet d’articles et d’analyses. Cette « démission silencieuse », ce « désinvestissement tranquille » consiste à faire le minimum requis dans son travail et à ne pas y consacrer plus de temps, d’efforts ou d’enthousiasme qu’il n’est absolument nécessaire.
C’est bien un truc de profs, ça ! », s’exclameront les habituels spécialistes de l’éducation. Vraiment ? Tout d’abord, le SNALC rappelle que le taux d’absence des enseignants est inférieur à celui des autres agents de la fonction publique. Et si, même présents en cours, les enseignants n’y faisaient que le minimum, on s’expliquerait difficilement leur taux de burn-out supérieur à celui de la population générale, situation sanitaire sur laquelle le SNALC a récemment attiré l’attention. Le ministère lui-même reconnaît le « sentiment d’épuisement élevé » des personnels. Et pour y remédier, n’allez pas compter sur la médecine de prévention, dont le SNALC ne cesse de dénoncer la quasi-inexistence.
Donc, non, les enseignants ne se désinvestissent pas, au contraire. Car si l’EN, souvent décrite comme un paquebot à la dérive, n’a pas encore fait naufrage, c’est grâce à ses soutiers – enseignants, AESH et autres « petites mains » administratives – qui persistent à écoper la coque qui prend l’eau de partout… au point qu’on se demande si des membres de l’état-major ne cherchent pas à saborder le navire ! Pas étonnant que peu souhaitent monter dans cette galère, malgré les efforts de l’institution : « Investissez-vous 18h/semaine, 36 semaines/an », claironne gaiement l’académie de Créteil pour attirer d’éventuels contractuels !
Le SNALC, lui, recommande plutôt aux enseignants de se désinvestir… des tâches inutiles, chronophages, non reconnues financièrement.
La direction vous pousse à organiser un voyage « pour le rayonnement de l’établissement » ? Et vous n’avez aucune envie de consacrer des dizaines d’heures à le préparer, puis de surveiller jour et nuit des adolescents en goguette, pour enfin n’obtenir aucun remerciement des parents, le tout bénévolement ? Désinvestissez-vous !
Vous n’osez vous éloigner de votre ordinateur le week-end afin de pouvoir répondre aux messages d’élèves qui demandent un cours qu’ils n’ont pas écrit, de parents qui veulent connaître les devoirs, non notés dans l’agenda de leur enfant ? Désinvestissez-vous !
On vous presse de devenir professeur principal ? Donc de jouer les psychologues, les conseillers d’orientations, les thérapeutes familiaux, pour une obole de moins de 1000 € net (par an, précisons-le pour les lecteurs des autres corps de la fonction publique…) ? Désinvestissez-vous !
Mais investissez-vous dans l’approfondissement de vos connaissances ! Le SNALC défend une autorité professorale fondée sur l’expertise dans la discipline enseignée, non sur des formations « gestion de la violence » dans les INSPE, inspirées par les sciences de l’éducation.
Investissez-vous dans la connaissance de vos droits, en lisant les publications du SNALC et en participant à ses colloques ! C’est ainsi, notamment, que le SNALC vous permet de faire face à des chefs d’établissement qui déforment sciemment la réglementation à votre détriment.
Investissez-vous, enfin, dans les instances de votre établissement, particulièrement le CA ! Vous pourrez alors jouer un rôle important dans la vie de l’établissement et vous opposer aux tentatives de réduire la liberté pédagogique ou à celles de créer des obligations non statutaires.
Oui, plutôt qu’un quiet quitting, le SNALC propose un investissement tranquille, car utile.